Un secteur en crise

Dans un monde déjà bouleversé par les pandémies et les crises économiques, l’année 2023 est resté difficile pour le secteur culturel. Théâtres, salles de concert, orchestres, maisons d’opéra, tous ces institutions continuent de traverser une période sombre marquée par des coupes budgétaires drastiques, des annulations en série et une augmentation exponentielle des coûts. La culture, souvent considérée comme un luxe en temps de crise, se trouve cette fois au centre d’une tourmente inquiétante qui met en danger les institutions et toute une chaîne d’acteurs gravitant autour.

Poussée inflationniste

Le coût élevé de l’énergie a frappé le secteur culturel de plein fouet. Dans des structures comme l’opéra de Rouen Normandie ou le Théâtre public de Montreuil, les dépenses d’énergie ont presque triplé en quelques mois. Il s’agit d’un coût difficilement absorbable, obligeant les gestionnaires à tailler dans leur programmation.

À Rouen, le coût de l’énergie est passé de 200 000 à 650 000 euros, équivalent à une production majeure d’une saison. En conséquence, certains théâtres envisagent un chômage partiel et d’autres annulent des spectacles, ce qui non seulement réduit les opportunités pour les artistes, mais diminue aussi les revenus des billetteries.

Annulations en cascade

Le Syndicat national des entreprises artistiques et culturelles, le Syndicat national des scènes publiques et Les Forces musicales ont également publié un communiqué alarmant. Ils annoncent « plusieurs centaines de représentations et déjà plus de 100 000 spectateurs perdus pour l’année en cours ». Outre l’impact direct sur le public et les artistes, ces annulations remettent en question la viabilité des politiques culturelles à long terme.

Les projets dans l’espace public, souvent sans grandes recettes de billetterie, mais nécessitant d’importants moyens humains, sont les premiers sacrifiés. De plus, le report ou l’annulation des spectacles crée des goulots d’étranglement sur la programmation future, rendant difficile la reprise, même après la fin de la crise.

Augmentation des coûts salariaux

Comme si l’inflation et la hausse des coûts énergétiques ne suffisaient pas, les structures culturelles doivent également faire face à une augmentation de la masse salariale. Suite à des négociations annuelles et des conventions collectives, les salaires dans le secteur du spectacle vivant ont, en effet, été revus à la hausse. Cela contribue à aggraver la situation budgétaire déjà critique de ces structures, laissant peu de marge de manœuvre pour les mois à venir.

Rôle clé des aides déconcentrées au spectacle vivant

En France, le ministère de la Culture offre un soutien vital aux équipes artistiques indépendantes à travers ses aides déconcentrées au spectacle vivant (ADSV). Ces mesures, qui touchent plus de 1400 équipes artistiques chaque année, restent le pilier de la politique culturelle du ministère. Elles couvrent une large gamme de disciplines, incluant le théâtre, la danse, la musique, les arts de la rue et les arts du cirque.

Le dispositif ADSV est assez large et demeure conçu pour accompagner les artistes tout au long de leur carrière. Ainsi, il prend en compte divers aspects tels que la recherche, la création, la diffusion et l’action culturelle, formant ainsi un cadre holistique pour le développement artistique.

Les aides sont classées en deux catégories principales : l’aide au projet et le conventionnement. L’aide au projet est une subvention unique, destinée à soutenir une nouvelle œuvre artistique ou à permettre la reprise d’un spectacle après une pause. D’un autre côté, le conventionnement offre une aide pluriannuelle, conçue pour s’adapter aux cycles d’activité de l’artiste ou de l’équipe artistique. Cette aide, qui peut s’étendre sur 2, 3 ou 4 ans, cible les équipes les plus innovantes et établies, dont les projets ont un rayonnement au moins national.

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