En France, le spectacle vivant occupe une place significative tant sur le plan culturel qu’économique. Une des pierres angulaires de ce secteur est sans doute le système des scènes conventionnées, une spécificité nationale visant à soutenir et développer le théâtre et autres formes de spectacles vivants. Dans cet article, nous nous penchons sur ce qu’est une scène conventionnée d’intérêt national et pourquoi elle est cruciale pour le paysage culturel français.
Qu’entend-on par scène conventionnée ?
Une scène conventionnée d’intérêt national est une structure culturelle soutenue par le ministère de la Culture en France. Cette reconnaissance est basée sur des critères stricts établis en 2017, mettant l’accent sur la contribution de la structure à la création artistique, à l’engagement culturel du public et à la diversification culturelle d’une région. Ce label est attribué en reconnaissance de programmes artistiques et culturels exceptionnels qui correspondent à l’un des trois domaines clés : « Art et création », « Art, enfance, jeunesse » et « Art en territoire ».
Par exemple, le Théâtre de Chartres a été reconnu dans la catégorie « Art et création » pour son engagement durable envers le développement artistique et la promotion d’un répertoire spécifique. Ce système de labellisation permet de redéfinir et de standardiser les normes pour le financement et le soutien des initiatives culturelles, tout en favorisant une diversité artistique et une participation culturelle plus larges.
L’historique : de la Grèce antique à la décentralisation culturelle en France
L’interaction entre le théâtre et la politique remonte à la Grèce antique, où le théâtre était perçu comme un acte politique majeur. Les citoyens étaient non seulement encouragés, mais aussi subventionnés par l’État pour assister aux représentations théâtrales. Cette tradition, enracinée dans la philosophie et les pratiques politiques de l’époque, a jeté les bases de la relation complexe entre la scène et l’État.
En France, ce lien a traversé différentes phases. À partir du XVIIe siècle, l’État cherchait à exercer un contrôle total sur le théâtre, notamment via la centralisation et l’établissement de troupes royales. Le XIXe siècle a vu une libéralisation du secteur grâce à la loi le Chapelier de 1791, qui a éliminé de nombreux privilèges et encouragé la concurrence entre les troupes. Cependant, ce libéralisme a aussi provoqué l’émergence de faillites et de défis économiques pour les troupes.
Après la Seconde Guerre mondiale, une réconciliation significative a eu lieu entre l’État et le monde de l’art. André Malraux, en créant le ministère des affaires culturelles en 1959, a posé les jalons de la décentralisation culturelle en France. L’idée était de démocratiser l’accès à la culture et de garantir la liberté artistique à travers le pays. Ce mouvement a abouti à la création de plusieurs institutions, dont le système des scènes conventionnées.
Le cadre réglementaire : l’arrêté du 5 mai 2017
Selon l’arrêté du 5 mai 2017, une scène conventionnée d’intérêt national est une institution qui bénéficie d’une aide financière de l’État, représentant 10 % de son budget. Les structures sont liées à l’État par une convention qui définit le projet culturel et artistique de la scène. Celle-ci est limitée à trois ans et peut être reconduite. Les scènes conventionnées doivent répondre à des critères stricts tels qu’une programmation exigeante, une reconnaissance du milieu artistique, un ancrage territorial et une gestion professionnelle.
Les missions et les enjeux des scènes conventionnées
La principale mission d’une scène conventionnée est de promouvoir la culture et l’art à travers une programmation variée et exigeante. Elles doivent également être en phase avec les objectifs culturels de l’État et de la région, et souvent cherchent à compléter les politiques locales par des actions ciblées. Par exemple, elles peuvent mettre en œuvre des politiques tarifaires attractives ou des programmes éducatifs pour encourager la participation du public.